Le Japon est resté isolé jusqu'au Ve siècle de notre ère, mais son développement culturel a débuté bien avant. On a retrouvé sur place des outils de pierre vieux de 10 000 à 30 000 ans, ainsi que des poteries d'une grande qualité esthétique et des outils de pierre polie qui attestent un peuplement néolithique. Cette culture appelée Jomon (du nom de ces poteries particulières décorées de reliefs et d'impressions de cordes) perdurera au moins jusqu'au IIIe siècle de notre ère; elle sera lentement remplacée par la culture yayoi. Un nouveau foyer de civilisation, peut-être constitué de populations nouvelles en provenance du sud de la Chine, se fixa alors dans le nord de Kyñshñ. L'utilisation du métal dans la fabrication des armes et des outils, l'élaboration de nouvelles techniques de poterie mais surtout l'introduction de la riziculture vinrent s'ajouter aux uniques activités de pêche et de cueillette des périodes antérieures.
La population du Japon est estimée à 125,1 millions d'habitants
, pour une croissance annuelle d'environ 0,3 % (1990-1995 moyenne). Un Japonais
sur cinq a moins de 15 ans, et environ un sixième de la population vit
au-delà de 65 ans. La densité de population générale
s'élève à 331 habitants par km² (1995 estimation),
mais si l'on exclut les zones inhabitables, le nombre exact s'élève
à environ 1 500 habitants au kilomètre carré, ce qui fait
du Japon l'un des pays les plus densément peuplés du monde. La
majorité des habitants vit dans une zone très développée
correspondant à la plaine côtière dans le sud-ouest de l'île
d'Honshu, entre TÜkyÜ et Hiroshima. Pratiquement la moitié
de la population vit dans trois zones métropolitaines importantes : TÜkyÜ,
saka et Nagoya. L'ensemble du pays habite dans les villes. La population
est constituée de Japonais à 99,2 %, avec un petit nombre de Coréens
(environ 680 000) et de Chinois. La population indigène des Aïnous
vit principalement sur l'île d'HokkaidÜ.
Langues
Le japonais est la langue officielle. Bien que le japonais parlé ait
peu de rapport avec le chinois parlé, la langue écrite est liée
aux idéogrammes chinois qui furent adoptés dans le passé;
ces caractères sont appelés kanji. Les Japonais utilisent également
deux syllabaires (le hiragana et le katakana) qui sont une version simplifiée
des caractères chinois, le premier pour les désinences et mots
de liaison indigènes, le second pour les mots d'origine étrangère.
Un troisième alphabet phonétique (le romaji) utilise l'alphabet
latin pour les transcriptions.
Les Japonais accordent une grande importance à la communication ou au
langage non verbal. Un geste ou un salut particulier suffit à véhiculer
un sens. En règle générale, les Japonais s'attendent à
ce que ce type de communication, dont ils maîtrisent parfaitement les
subtilités, soit compris de tous. Les Occidentaux interprètent
malheureusement cette attitude comme la volonté de rester vague ou évasif,
et cette incapacité à saisir leurs sentiments peut être
perçue par les Japonais comme un manque de sensibilité.
Religions
Selon un proverbe très connu au Japon : QLe Japonais naît shintÜ tandis qu'il meurt bouddhistef. La religion fait encore partie de la vie quotidienne des Japonais, et possède une importance culturelle et sociale encore considérable. Pourtant, la foi des Japonais n'est ni particulièrement forte, ni unique. La plupart pratiquent une sorte de syncrétisme entre bouddhisme et shintÜ. Le shintÜ n'a pas de fondateur reconnu ni de texte de référence. Il se fonde sur l'ancienne mythologie et insiste sur la relation entre l'homme et la nature, ainsi que sur la filiation divine des empereurs qui descendent d'Amerasu, divinité du Soleil. Le shintÜ a joué un rôle historique important, car il a permis de mettre en place les valeurs sociales du Japon, comme on peut le voir dans le bushido, code guerrier qui privilégie l'honneur, le courage, la loyauté, la politesse et la réserve. De nos jours, les cérémonies religieuses, comme les mariages shintÜs et les enterrements bouddhistes, sont toujours largement pratiquées, et la plupart des familles japonaises ont chez eux de petits autels dédiés aux esprits de leurs ancêtres.
Les usages
La jeunesse japonaise ressemble beaucoup à la jeunesse occidentale même
si sa liberté et son autonomie sont plus réduites. La délinquance
reste limitée parmi les jeunes. L'âge moyen du mariage est de 27
ans pour les hommes et de 26 ans pour les femmes. Les mariages peuvent être
sophistiqués et onéreux; ils se déroulent en général
dans des hôtels. Le couple peut porter des vêtements traditionnels
pour la cérémonie, des habits de mariage occidentaux en présence
des photographes et des invités et une autre tenue, enfin, pour la réception
du soir. Les invités apportent de petits présents, souvent de
l'argent en espèces, et repartent avec des cadeaux offerts par les mariés.
La société japonaise est fondée sur la famille; ses membres sont fortement liés par le sens de la réputation, de l'obligation et de la responsabilité. Les actes d'une personne rejaillissent sur sa famille tout entière. Le père est le chef de famille, mais la mère est responsable de la maison. De nombreuses femmes aujourd'hui travaillent, bouleversant ainsi la tradition. Beaucoup de personnes âgées vivent avec leurs enfants mariés et leur famille, mais cela devient moins fréquent. La plupart des couples se limitent à deux ou trois enfants. Dans les villes assez importantes, la plupart des familles vivent dans de petites maisons ou en appartement dans de grands immeubles. On trouve des maisons plus grandes dans les zones moins peuplées.
À table
Les Japonais se nourrissent essentiellement de riz, de légumes frais, de fruits de mer et de viande découpée en petits morceaux. Le riz et le thé accompagnent pratiquement tous les repas. La nourriture de type occidental est de plus en plus courante, en particulier chez les jeunes. Parmi les plats les plus populaires du Japon figurent la soupe, le miso (pâte de haricots), les nouilles (ramen, udon et soba), le riz au curry, le sashimi (tranches de poisson cru servies avec une sauce au soja et du wasabi, une sorte de raifort très épicé), le tofu et le porc. Le sushi est un mélange de riz parfumé au vinaigre et de poisson (en général cru). Le norimaki est le même plat, mais le riz et son accompagnement sont roulés dans une feuille d'algue appelée nori.
Bien que beaucoup de jeunes mangent tout en marchant dans des lieux publics, cela reste en général malvenu chez les adultes. C'est pourquoi la nourriture vendue dans des kiosques dans la rue doit de préférence être consommée sur place. Dans un repas traditionnel, les Japonais ne se penchent pas vers la table, mais prennent la nourriture directement dans le bol, qu'ils ont auparavant monté jusqu'au niveau de la poitrine. On se sert en général de baguettes (ohashi), sauf pour consommer des plats occidentaux. Les Qfast-foodsf sont populaires parmi la jeunesse.
Quand on est invité dans un restaurant, il est préférable
de suivre les suggestions de l'hôte. Commander de la viande alors que
l'hôte propose du poisson rompt l'harmonie et peut même être
offensant. Un visiteur qui sait se servir de baguettes crée une impression
favorable, mais il faut éviter de les diriger vers une personne, de les
croiser ou encore de les planter dans un bol de nourriture. On remplira en général
un verre vide; ne pas le finir indique que l'on a suffisamment bu.
Vie en société
Traditionnellement, les Japonais se saluent en inclinant le buste. Si l'on désire faire preuve de respect ou d'humilité, on s'incline plus bas que l'autre personne. Tous les Japonais n'apprécient pas forcément qu'un Occidental salue en s'inclinant, d'autres même pas du tout, en particulier quand les deux personnes ne se connaissent pas. C'est pourquoi une légère poignée de main est l'attitude qui convient le mieux aux visiteurs étrangers. Préserver son propre espace et, par là même, celui d'autrui est important. Aussi les gens se tiennent-ils à une certaine distance les uns des autres quand ils se saluent ou se parlent. Dans cette société hiérarchisée qu'est le Japon, les titres sont essentiels, notamment au moment des présentations. Le nom de famille est utilisé avec le suffixe san. Par exemple, on dirait Monsieur Ogushi en France et QOgushi-sanf au Japon. Les prénoms sont réservés à la famille et aux amis.
L'échange des cartes de visites entre partenaires commerciaux est un rituel important. Les cartes, qui sont présentées et acceptées des deux mains, sont soigneusement examinées et traitées avec respect; jouer avec une carte ou la plier reviendrait presque à faire la même chose à la personne qui vous l'a donnée.
Les salutations sont liées aux relations que vous entretenez avec ceux que vous rencontrez. Au travail, un Japonais salue son supérieur avec l'expression Ohayo gozaimasu (QBonjourf), mais il saluera un client en disant Irasshaimasé (QBienvenuef). Quand des représentants de sociétés se rencontrent pour la première fois, ils peuvent utiliser l'expression Hajimé mashité (QJe suis heureux de vous rencontrerf). Konnichi wa (QBonjourf) est une façon moins formelle de se saluer. Ohayóh (plus familier), ou Genki? (QComment ça va ?f) sont des façons habituelles de se saluer parmi les jeunes.
Au Japon, l'art de la visite est particulièrement codifié. On enlève ses chaussures avant de pénétrer dans une maison japonaise. On le fait en général dans un petit vestibule (genkan) situé entre la porte et l'espace où se déroule la vie de la maison. Les chaussures sont placées l'une près de l'autre, la pointe tournée vers l'extérieur, ou bien rangées dans un placard ou sur une étagère dans le genkan. On enlève son manteau avant d'entrer dans le genkan. On porte souvent des pantoufles à l'intérieur de la maison, certaines sont réservées à la salle de bains, mais on les retire quand on entre dans des pièces contenant des tapis de sol en paille (tatami). Dans les pièces japonaises traditionnelles, les gens s'assoient à même le sol ou sur un petit coussin appelé zafuku. Lorsqu'on est assis sur une chaise ou sur un canapé, il est plus convenable de poser les pieds sur le sol. On peut croiser les jambes au niveau des genoux ou des chevilles, mais il est impoli de placer une de ses chevilles sur son genou. La personne qui est invitée à un repas marque souvent une légère hésitation avant d'accepter. Les rafraîchissements légers sont acceptés avec affabilité. La personne complimentée adopte en général une attitude modeste, mais les compliments excessifs sur des objets de la maison peuvent embarrasser les hôtes. Une grande importance est accordée à la politesse et le comportement des Japonais est en général réservé et respectueux.
La coutume veut que le visiteur apporte un cadeau (en général des fruits ou des gâteaux) à ses hôtes. Les cadeaux sont offerts et reçus avec les deux mains et une légère inclination du buste. Traditionnellement, on n'ouvre pas le cadeau en présence du donateur. Un cadeau est une façon de marquer un certain respect à l'égard de la personne qui le reçoit, et il est très révélateur de la relation que l'on entretient avec cette personne. Les cadeaux jouent donc un rôle important dans l'établissement et le maintien de relations d'affaires. La nourriture et la boisson sont des cadeaux fréquents, car des présents destinés à la maison l'encombreraient rapidement en raison de sa petite taille. Les Japonais apprécient particulièrement les cadeaux de marques étrangères célèbres de la part de visiteurs étrangers. La fin de l'année est un moment privilégié pour l'échange des cadeaux; on en offre alors à la famille, aux amis, aux personnalités officielles et aux relations de travail; ces cadeaux, dont la valeur a été judicieusement choisie, donnent le ton des relations pour l'année à venir.
Loisirs
Généralement, les Japonais passent leur temps libre en groupe. Le base-ball, le football, le volley-ball, le tennis, le ski, le jogging sont des sports populaires au Japon. On apprécie également les sports traditionnels comme les combats de sumÜ (qui attirent beaucoup de spectateurs), le judo, le kendo (sorte d'escrime avec des bâtons en bambou) et le karaté. Le base-ball, qui fut introduit au Japon par un Américain aux environs de 1870, est pratiquement devenu le sport national; des compétitions importantes sont organisées à tous les niveaux, et le pays tout entier se passionne pour les championnats nationaux des écoles secondaires qui se déroulent tous les ans. Le golf, enfin, est une véritable institution, mais comme l'adhésion à un club est très coûteuse, beaucoup s'entraînent sur des aires aménagées à même le toit des immeubles et ceinturées de grillages protecteurs.
La télévision et le cinéma sont populaires et, dans des
villes comme TÜkyÜ et saka, les spectacles nocturnes sont très
fréquentés. Les arts traditionnels du spectacle continuent de
se développer; ils comprennent le théâtre de marionnettes
(bunraku) et des formes de drames très stylisés (nÜ, kabuki).
La musique et la danse sont également prisées.
Vacances et fêtes
Il existe trois périodes de fermeture pour la plupart des entreprises et pour beaucoup de restaurants et de boutiques : la période du jour de l'An (depuis le dernier ou l'avant-dernier jour de décembre jusqu'au 3 janvier), la QGolden Weekf (de la fin d'avril au début de mai) et la période d'Obon (une semaine à la mi-août). Parmi les autres fêtes nationales, on trouve le jour des Adultes (Seijin no Hi) le 15 janvier, où l'on honore tous ceux qui fêtent leurs vingt ans dans l'année, car ils passent à l'âge adulte; le jour de la Fondation nationale (Kenkoku Kinen no Hi), le 11 février; l'équinoxe de printemps (Shunbun no Hi) en mars; le Midori No Hi (le 29 avril); le jour de la Végétation, qui célèbre la beauté de la nature; le jour de la Constitution (KempÜ Kinenbi) le 3 mai; le jour des Enfants (Kodomo no Hi) le 5 mai; le jour de la Marine, le 20 juillet; le jour du Respect pour les personnes âgées (KeirÜ no Hi), le 15 septembre; le jour de l'équinoxe d'Automne (Shñbun no Hi) au environ du 23 septembre; le jour des Sports Day (Taiiku no Hi), le 10 octobre; le jour de la culture (Bunka no Hi), le 3 novembre; le jour de la Fête nationale (KinrÜ Kansha no Hi), le 23 novembre et le jour de l'Anniversaire de l'empereur Akihito (TennÜ TanjÜbi), le 23 décembre.
Le jour de la Saint-Sylvestre, le 31 décembre, certains Japonais revêtent leur kimono et se rendent en un lieu saint. Toutefois, plus de la moitié de la population s'installe devant la télévision pour assister à un concours de chant national. Ce dernier oppose les hommes aux femmes, mais les dernières notes doivent obligatoirement être chantées avant minuit, heure à laquelle les prêtres bouddhistes commencent à faire sonner les cloches dans les temples. Les cloches retentissent 108 fois par carillon, pour chacun des défauts de l'homme. Selon la croyance bouddhiste, cette sonnerie de cloche purifie les croyants de tous les désirs coupables accumulés au cours de l'année.
Beaux-arts
On retrouve dans la littérature, la musique et l'art japonais les influences classiques de la Chine ancienne. La religion, et plus spécialement le bouddhisme, a joué un rôle important dans la vie culturelle du Japon. Les influences occidentales, qui se firent véritablement sentir durant le XIXe siècle, ainsi que les traditions et formes stylisées de la culture japonaise ont coexisté, s'entremêlant assez souvent.
D'un point de vue historique, le Japon a connu des périodes d'invasion d'idées nouvelles et étrangères entrecoupées par de longues périodes d'isolement par rapport au monde extérieur. Avec le temps, les Japonais sont parvenus à absorber, à imiter et finalement à assimiler ces éléments de culture étrangère qui complétaient leurs préférences esthétiques. Le premier art complexe, qui est apparu au Japon aux VIIe et VIIIe siècles apr. J.-C., était en rapport avec le bouddhisme. Au IXe siècle, alors que les Japonais commençaient à se détourner de la Chine et à développer des formes d'expression autochtones, les arts profanes prirent de plus en plus d'importance.
La peinture est l'expression artistique préférée au Japon. Elle y est pratiquée aussi bien par des professionnels que par des amateurs. Jusqu'à il y a peu, les Japonais écrivaient à l'aide d'un pinceau et non avec un stylo. C'est pourquoi les techniques du pinceau leur sont si familières et c'est également pour cela qu'il sont très sensibles aux valeurs picturales. Ils trouvaient que la sculpture était un moyen d'expression artistique beaucoup moins «sympathique». Les sculptures japonaises étaient en grande partie associées à la religion, et le support utilisé perdit de l'importance à mesure que le bouddhisme traditionnel déclinait. Les céramiques japonaises figurent parmi les plus belles au monde et comprennent les premiers objets d'arts connus de leur culture. En architecture et en art paysager, les préférences marquées par les Japonais pour les matériaux naturels et l'interaction des espaces intérieurs et extérieurs sont exprimées avec une précision et une beauté remarquables.
L'art japonais est placé sous le signe de l'opposition des genres. Dans le cas des céramiques des périodes préhistoriques, par exemple, à une période d'exubérance succéda une ère de raffinement et de discipline. Autre exemple, le palais de Katsura et le mausolée de Toshogu, deux édifices du XVIe siècle dont les styles sont diamétralement opposés. Le palais individuel de Katsura est un modèle de simplicité où l'accent est mis sur les matériaux naturels, bruts et non travaillés et sur sa beauté Qfortuitef. Quant au mausolée de Toshogu, il se caractérise par sa structure symétrique rigide, recouverte de sculptures en relief fort colorées. L'art japonais, apprécié non seulement pour sa simplicité mais également pour ses couleurs exubérantes, a fortement influencé la peinture occidentale du XIXe siècle et l'architecture occidentale du XXe siècle.
Musique
La musique japonaise est une véritable mosaïque de styles, mêlant
tradition et modernité, influences autochtones et occidentales. Elle
se retrouve aussi bien dans des milieux isolés que dans des environnements
récents relativement fertiles. Le Gagaku, musique de cour rituelle, et
le shÜmyÜ un chant bouddhiste, sont deux styles originaires de Chine
et de Corée qui furent introduits au Japon il y a plusieurs siècles.
Couvé et encouragé par l'État, le gagaku a accédé
au rang de tradition nationale, remarquablement conservée au cours des
siècles. Le chant bouddhiste existe au Japon depuis le VIIIe siècle.
La musique est intimement liée aux cérémonies rituelles
incluant la gestuelle des mains, les représentations iconographiques
(mandalas) et la méditation. Ce lien subtil entre musique et autres formes
artistiques est caractéristique des genres théâtraux nippons
que sont le nÜ, le kabuki et le bunraku. Il existe également au
Japon d'importantes confréries musicales ainsi que des générations
de maîtres qui transmettent leur savoir de père en fils. Ce système
a contribué à la préservation de ces arts que l'on peut
encore contempler, sous ses diverses formes, dans les principales ville nippones.
Des instruments traditionnels tels que le shakuhachi, une flûte en bambou,
le koto, une longue cithare composée de 13 cordes en soie, le biwa, un
luth en forme de poire et le shamisen, un luth à trois cordes, possèdent
des répertoires classiques perpétués par les confréries.
Parcourir le Japon est également l'occasion de découvrir une multitude
de styles de musiques folkloriques. Les chants folkloriques, tels que min-yÜ,
sont interprétés en l'honneur du travail, lors des cérémonies
religieuses et sociales, ainsi que lors des fêtes populaires. L'île
d'Okinawa possède un style musical bien particulier, caractérisé
par des gammes et des rythmes que l'on ne trouve en aucun autre point de l'archipel
Japon. La majorité des groupes d'Okinawa ont enrichi leur musique insulaire
traditionnelle de rythmes modernes aussi divers que le jazz, le rock ou le reggae,
donnant ainsi naissance à un son résolument nouveau dont la popularité
n'a cessé de croître en dehors du Japon.
Bibliothèques et musées
Sur le plan culturel, TÜkyÜ mérite certainement son titre de
capitale. Elle regorge en effet de bibliothèques importantes dont les
principales sont la National Diet Library, un centre international d'échange
de livres et d'informations sur tout ce qui touche au Japon. Ce temple du savoir
est divisé en sept départements et comptait sur ses rayons plus
de 5,1 millions de volumes au début des années quatre-vingt-dix.
Parmi les collections universitaires de la ville de TÜkyÜ, il faut citer la bibliothèque de l'université de Tokyo, qui compte plus de 6,3 millions de volumes et s'enrichit d'environ 200 000 nouveaux ouvrages chaque année, la bibliothèque de l'université Meiji et celle de l'université Nihon. Les bibliothèques provinciales abritent également d'importantes collections. Ajoutons enfin que le territoire nippon est jonché de bibliothèques universitaires très richement fournies.
Si l'on excepte les galeries modernes des grandes villes, les musées japonais sont de véritables joyaux construits au cur même des temples et des sanctuaires. Parmi les plus célèbres figurent le temple Myohoin à KyÜto. TÜkyÜ abrite plusieurs musées et galeries d'art importants. Le plus grand musée d'art du Japon est le musée national de Tokyo. Parmi les collections spécialisées de TÜkyÜ figurent le musée de la Calligraphie, le musée national d'art occidental, le Meiji Shrine Treasure Museum et le musée d'Art folklorique nippon. Chaque grande ville de l'archipel abrite en principe un musée important.
Gouvernement
Le Japon est doté d'un régime de monarchie constitutionnelle.
L'empereur est à la tête de l'État, mais il n'a pas de pouvoir
exécutif. Ainsi Akihito fut intronisé en 1989 à la mort
d'Hirohito, mais son rôle reste essentiellement symbolique.
Les Japonais comptent les années en fonction des règnes de leurs
empereurs. Pour eux, le règne d'Hirohito correspond à l'ère
Showa (paix des lumières), celui d'Akihito à l'ère Heisei
(accomplissement de la paix universelle). Ainsi 1996 est, pour un Japonais,
l'année Heisei 8. À la tête du gouvernement se trouve le
Premier ministre, qui partage le pouvoir exécutif avec le Conseil des
ministres. Le pouvoir législatif est exercé par la Diète
(Kokkai), qui se compose d'une Chambre de représentants de 511 membres
(la Chambre basse) dont les décisions sont, dans une large mesure, approuvées
sans discussion par la Chambre des conseillers, composée de 252 membres
(la Chambre haute). Le Japon compte 47 préfectures (provinces), chacune
étant administrée par un gouverneur élu. L'âge du
droit de vote est de 20 ans.
Histoire contemporaine
Les années qui suivirent la Première Guerre mondiale, très
prospères, furent marquées par des changements extrêmement
rapides et le Japon décida de suivre une politique militariste et expansionniste.
Il exerça une influence accrue en Asie, envahit la Mandchourie en 1931 et une grande partie de la Chine à partir de 1937. Il s'allia à l'Allemagne et à l'Italie en 1936-1937. Le 7 décembre 1941, le Japon lança une attaque aérienne contre les forces navales américaines à Pearl Harbor (Hawaii), ce qui décida les États-Unis à participer à la Seconde Guerre mondiale. La machine de guerre japonaise encercla rapidement la plus grande partie du Sud-Est asiatique et étendit sa domination sur toute la région jusqu'en 1943, lorsque le cours des événements se retourna contre le Japon. Les 6 et 9 août 1945, les États-Unis lancèrent deux bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki. Le 8 août, l'URSS déclara la guerre au Japon et occupa la Mandchourie. Le 14 août, le Japon capitula.
De 1945 à 1952, le pays fut occupé principalement par les forces américaines. En 1947, sous l'égide des États-Unis, une nouvelle Constitution était adoptée : le pays s'engageait à renoncer à la guerre, à garantir les droits fondamentaux de l'homme et à maintenir un régime démocratique. Depuis la Seconde Guerre mondiale, le Japon entretient une force de défense, mais les États-Unis assurent pour l'essentiel sa sécurité.
Le Parti libéral démocrate (PLD), qui est resté au pouvoir pratiquement sans interruption depuis la Seconde Guerre mondiale, s'est considérablement affaibli depuis les scandales financiers de la fin des années quatre-vingt et du début des années quatre-vingt-dix. À la suite de l'échec du PLD aux élections législatives de 1992, un gouvernement de coalition, formé de sept partis politiques distincts, et conduit par Morihiro Hosokawa, fut constitué. Mais ce dernier devait démissionner dès l'année suivante, laissant la place à Tsutoma Hata, qui à son tour quitta ses fonctions en juin 1994, tandis que Tomiichi Murayama, président du Parti social-démocrate du Japon (PSDJ), était élu Premier ministre et formait une coalition surprenante avec le PLD. Murayama devenait alors le quatrième Premier ministre en moins d'un an, et le premier socialiste à diriger le gouvernement depuis 1948.
En 1995, le Japon connut deux tragédies importantes. En janvier, un violent tremblement de terre frappa le Japon non loin de KÜbe, causant la mort de plus de 5 000 personnes. En mars, un gaz de combat neurotoxique était répandu dans plusieurs rames de métro de Tokyo, à l'heure de pointe. Cette attaque fit 11 morts et plus de 5 000 blessés, dévastant un pays peu habitué à de violents actes de terrorisme. Le gourou Shoko Asahara de la secte Aum Shinrikyo fut emprisonné en mai, accusé d'avoir manigancé cette attaque. Son procès s'ouvrit en avril 1996.
Des litiges à propos de revendications territoriales opposent encore
le Japon à d'autres pays. L'archipel des Kouriles surtout les
îles méridionales, Ostrov Iturup, Ostrov Kunashir, Ostrov Shikotan
et les îles Habomai sont au cur d'un conflit qui oppose depuis
des décennies la Russie et le Japon. Le litige porte sur la propriété
de l'archipel et sur les droits de pêche. Le Japon et la Russie se disputent
également la région méridionale de l'île de Sakhaline.
Un autre différend territorial oppose le Japon à la Corée-du-Sud.
Le Japon fait en effet valoir sa souveraineté sur Rochers Liancourt (territoire
litigieux). Ces îles, nommées Tok-do en coréen et Take-shima
en japonais, sont actuellement occupées par la police coréenne.
Enfin, Taiwan et la Chine continentale réclament Senkaku-shotÜ,
également appelée Daioyu-dao, une île sous administration
japonaise.
Économie
Le Japon est devenu une grande puissance économique malgré un
sol pauvre en ressources naturelles. Il doit recourir aux importations pour
satisfaire l'essentiel de ses besoins énergétiques (le Japon est
le plus grand importateur de pétrole au monde) et pour acquérir
la plupart des matériaux bruts nécessaires aux processus industriels.
Par ailleurs, le Japon, constitué pour l'essentiel de montagnes impropres
à l'agriculture, doit importer près de la moitié de ses
besoins alimentaires. Les ressources agricoles représentent seulement
2,5 % du PIB. Les Japonais cultivent surtout le riz, la canne à sucre,
les légumes, le thé et différents fruits. Le Japon assure
également plus du sixième de la production mondiale de fruits
de mer.
Le Japon a bâti son succès économique sur l'industrialisation. Le pays produit des voitures, des équipements électroniques, des produits chimiques, du fer et de l'acier, des machines, des bateaux, des équipements scientifiques et optiques. En 1992, le Japon assurait presque le dixième des exportations visibles dans le monde; seuls l'Allemagne et les États-Unis exportent davantage. Le Japon affiche un excédent commercial important qui a provoqué des tensions, en particulier avec son premier partenaire commercial, les États-Unis. Récemment, le Japon a orienté ses activités vers les services, qui représentent maintenant 58 % du PIB alors que la part de l'industrie n'est plus que de 30 % (1991).
Le Japon est le siège des plus grandes banques et compagnies d'assurances au monde. En 1992, le pays représentait d'ailleurs plus du dixième des exportations invisibles dans le monde et se plaçait en deuxième position derrière les États-Unis. Le Japon a également beaucoup investi aux États-Unis, au Royaume-Uni (c'est un moyen d'accéder au marché de l'Union européenne) et dans beaucoup d'autres pays. L'apparition de nouvelles difficultés économiques, au début des années quatre-vingt-dix, a entraîné des réajustements importants au Japon, qui peuvent être interprétés comme le début d'une nouvelle ère économique. La monnaie est le yen.
L'économie du Japon se place au deuxième rang mondial, derrière
les États-Unis. En 1994, le produit intérieur brut (PIB) était
estimé à 2 651 milliards de dollars. Soit 30 % de moins que celui
des États-Unis mais presque le double de celui de l'Allemagne. En terme
de PIB, les Japonais jouissent de l'un des niveaux de vie les plus élevés
du monde; il est estimé à 29 387 dollars par habitant (1991).
Toutefois, si l'on envisage la parité des pouvoirs d'achat, on considère
qu'en 1990 le niveau de vie au Japon correspondait environ aux quatre cinquièmes
du niveau de vie aux États-Unis. Le Japon a longtemps bénéficié
de taux de croissance économique exceptionnels et, dans les années
quatre-vingt, la croissance s'établissait encore en moyenne autour de
3,6 % par an. Toutefois, la croissance a connu depuis trois ans un ralentissement
à 0,6 %.
Commerces et services
Le travail dans les entreprises commence en général entre 8 h
et 9 h et se termine entre 17 et 18 h. Les petites boutiques et les grandes
zones commerciales dans les villes peuvent rester ouvertes bien plus tard et
ne ferment pas à l'heure du déjeuner. Un certain formalisme prévaut
dans les affaires, et l'établissement de bonnes relations compte autant
que les détails d'une transaction. Les affaires ne se concluent pas dans
la précipitation, la patience et le tact sont de règle. Beaucoup
de Japonais travaillent tard le soir, et la plupart des entreprises comptent
sur un tel engagement.
Transports et communications
Un réseau très dense de trains et de bus permet le déplacement
des citadins; plusieurs villes disposent également d'un métro.
Le train à grande vitesse (shinkansen) assure des liaisons rapides entre
les grandes villes. La circulation se fait à gauche. Dans les grandes
villes, les routes sont souvent encombrées. Le pays est bien desservi
par un important réseau de lignes aériennes intérieures,
bien que le Shinkansen soit souvent plus rapide pour relier deux centres-villes.
Les liaisons aériennes internationales sont excellentes. Les systèmes
de communications sont parmi les meilleurs et les plus perfectionnés
du monde. Les journaux et les magazines sont lus par plus de 65 millions de
personnes.
Enseignement
L'éducation est gratuite et obligatoire de 6 à 15 ans. La structure
de l'école publique japonaise est calquée sur le modèle
américain, six ans à l'école primaire suivis de trois ans
au collège et de trois ans au lycée (près de 90 % des élèves
effectuent le cycle complet). Les examens jouent un rôle central dans
l'éducation japonaise, où l'esprit de compétition est très
développé. Beaucoup de parents payent à leurs enfants des
cours particuliers dans des juku (écoles spécialisées dans
la préparation des examens) pour accroître leurs chances de réussite
aux examens d'entrée des meilleures écoles secondaires. La pression
exercée sur les enfants peut être très forte. Les élèves
sont à l'école du lundi au samedi, avec un samedi de libre par
mois. Plus d'un tiers des étudiants japonais vont à l'université.
Les examens d'entrée sont difficiles, et la compétition est acharnée
mais le diplôme d'une grande université assure en général
une carrière prestigieuse.
Santé
Le niveau de santé des Japonais est l'un des plus élevés
du monde. L'espérance de vie est de 80 ans (1995 estimation). Les entreprises
assurent en général à leurs employés une couverture
sociale, l'État garantissant une protection sociale minimale.